Introduction et contexte

Renseignements généraux et contexte

En juin 2016, Pêches et Océans Canada (MPO) a annoncé son intention de collaborer avec la communauté scientifique canadienne des technologies et sciences océaniques (TSO) Note de bas de page 1 afin de mettre en place l’AROC. Cette alliance de bailleurs de fonds et d’acteurs de la TSO a été nouée pour organiser la coopération et favoriser la coordination des efforts de recherche, ainsi que la création de programmes et d’infrastructures connexes, afin de tirer le meilleur parti possible des investissements actuels et à venir du Canada dans le domaine des TSO, et ce, autant au pays qu’à l’étranger.

L’historique de l’alliance commence en 2012, lorsque le CAC a réuni un groupe d’experts chargé de définir, pour le Canada, les priorités de recherche des sciences océaniques, et d’évaluer les capacités et les lacunes des infrastructures, qui sont associées à ces priorités. En 2012 et 2013 respectivement, ces experts ont publié deux rapports : Les 40 questions prioritaires pour la recherche canadienne en sciences de la mer, et Les sciences de la mer au Canada : Relever le défi, saisir l’opportunité. Ce dernier rapport a permis de mettre en évidence, au-delà des priorités de recherche et des thèmes principaux, trois lacunes liées à la coordination et à l’harmonisation de la communauté des sciences des océans au Canada pour lesquelles des mesures devaient être prises :

  • Le manque de vision : Contrairement à d’autres pays ou à d’autres disciplines au Canada, il n’y a pas de vision ou de stratégie nationale d’ensemble pour les sciences de la mer au Canada. De ce fait, il est difficile d’établir l’ordre de priorité des besoins et de planifier soigneusement les investissements pour les sciences océaniques.
  • Le manque de coordination : Le traitement des problèmes de plus en plus complexes liés aux sciences de la mer exige une collaboration accrue à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale, ainsi qu’entre les disciplines et les secteurs. Malgré les nombreux cas de collaboration réussie au Canada, la coopération est insuffisante dans certains secteurs clés, comme l’observation des océans. De façon plus générale, il n’existe pas, à l’échelle nationale, de mécanisme efficace pour coordonner les ressources et faciliter le partage des infrastructures et du savoir parmi les scientifiques. Ces lacunes nuisent également au partage des ressources et du savoir à l’échelle internationale.
  • Le manque d’information : Les limites en matière d’accès, de disponibilité et de comparaison des données rendent difficile l’évaluation de plusieurs catégories de capacités en sciences de la mer (p. ex., nombre de chercheurs actifs, données exhaustives sur les dépenses de recherche, ou répertoires des principaux instruments en sciences de la mer).

Les deux rapports du CAC sont devenus un moment décisif pour la communauté canadienne des TSO. Pour la première fois, des enjeux de recherche prioritaires, des défis à relever, et des possibilités à saisir pour mettre de l’avant ces priorités étaient mis en évidence au Canada. En 2013, à la suite de la publication de ces rapports du CAC, le Consortium canadien des universités de la recherche océanographique (CCURO).a joué un rôle déterminant en soutenant les efforts initiaux déployés pour développer la vision d’une alliance canadienne, déterminer la forme qu’elle pourrait prendre, choisir son mode de fonctionnement, et mettre en évidence les résultats escomptés. Les membres du CCURO. ne se sont pas contentés de commencer à rédiger ces rapports influents. Ils ont aussi entrepris les premières étapes de la coordination de la communauté des sciences océaniques au Canada en organisant une table ronde sur les sciences des océans en 2014, en montant différents ateliers, et en commandant le rapport Investigating the Establishment of a Canadian Organization for the Coordination of Ocean Science Activities in Canada (en anglais seulement).

Au-delà des efforts qui ont été déployés par le CCURO. et le CAC au cours des dernières années, de récents investissements fédéraux ont aussi permis d’accroître substantiellement la capacité collective de la communauté canadienne des TSO. Cette capacité pourrait nous permettre de réaliser des prouesses scientifiques majeures au Canada, grâce à l’adoption d’une approche intégrée et coordonnée permettant de gérer et de mener les activités des TSO, comme celle qui a été envisagée par l’Alliance.

Puisque la bonne lancée vers la collaboration se poursuivait au sein de la communauté canadienne des TSO, le MPO a organisé un premier atelier regroupant des leaders provenant de l’ensemble la communauté sous le thème de « Bâtir une alliance de la recherche océanique au Canada » les 22 et 23 février 2017. L’atelier a été une étape importante puisqu’il a permis de réunir plus de quatre-vingt-dix membres clés de la communauté des TSO afin de discuter d’un avenir commun. Pour former la nouvelle Alliance, une ébauche de vision reposant sur des principes fondamentaux a été rédigée à cette occasion, et a ensuite permis de la renforcer.

La vision

  • La création d’un forum bien implanté sur les sciences des océans qui servira de fondement à la poursuite des intérêts de la communauté.
  • L’établissement d’un réseau solide entre le gouvernement, la communauté universitaire, les organismes non gouvernementaux, les groupes autochtones et le secteur privé en TSO présentant une mobilité de recherche élevée et jouissant d’une solide coordination en matière de partage des infrastructures et des ressources de recherche.
  • L’engagement politique à long terme des décideurs et des bailleurs de fonds envers la recherche sur les océans et la création de programmes de surveillance et de conservation.
  • Une approche cohérente et globale face à l’engagement international vis-à-vis duquel le Canada affirme son rôle de leader.
  • Des sciences et des données ouvertes au profit de tous les acteurs scientifiques à l’échelle nationale et internationale.
  • Des données probantes plus solides et exhaustives en soutien à la prise de décisions concernant les océans canadiens.

Principes

  • Harmonisation
  • Inclusivité
  • Résilience
  • Communication
  • Transparence et données ouvertes

L’atelier de l’AROC de 2017 a aussi permis de cerner six thèmes ou domaines défis afin de développer des collaborations à l’avenir au sein de l’AROC, ainsi qu’un « énoncé d’Futur idéal » pour chacun d’eux. Par ailleurs, les participants ont aussi mis en évidence des initiatives concrètes et précises afin d’entreprendre la préparation de ces « évolutions désirées ». Les recommandations formulées à l’occasion de cette première réunion de l’AROC sont énoncées dans le rapport de l’atelier, intitulé Rapport sommaire de l’atelier | Bâtir une alliance de la recherche océanique au Canada – 22 et 23 février 2017.

Au cours de l’année qui a suivi l’atelier, les membres de la communauté de l’AROC ont travaillé ensemble pour soutenir les initiatives spécifiques de l’atelier qui mettaient l’accent sur la création de l’Alliance. Leurs efforts ont favorisé la mise en place d’une structure et d’une plateforme pour faciliter la coordination. Par exemple, l’AROC a créé une communauté de praticiens (CdP) qui sert de tribune et permet de communiquer avec l’ensemble de la communauté des TSO, de transmettre des renseignements, de discuter d’enjeux prioritaires et de collaborer à des initiatives liées aux TSO au Canada. Tous les membres de la communauté des TSO sont invités à participer. Trois chefs de file de la CdP provenant d’un bout à l’autre du Canada ont été choisis. Ces leaders de la CdP servent d’avocat(e)s en faveur de la coordination parmi les membres de la CdP pour les enjeux qui touchent les TSO.

Un Conseil de niveau supérieur a été créé afin d’intensifier les efforts de coordination entre les divers secteurs d’activités (c.-à-d., universités, ministères et organismes gouvernementaux, organisations non gouvernementales, organisations autochtones et secteur privé). Le Conseil est coprésidé par deux cadres supérieurs du milieu des sciences océaniques : une représentante du MPO et un représentant d’un établissement d’enseignement et du CCURO.

Un secrétariat a aussi été créé au sein du MPO. Le secrétariat de l’AROC fournit une assistance au Conseil de l’AROC et à la CdP. Il favorise aussi la collaboration grâce au développement d’outils, comme la plateforme communautaire de l’AROC sur SharePoint. Cette plateforme web est un espace où la communauté de l’AROC peut mettre en commun des renseignements, coordonner des activités et mettre en évidence des possibilités de collaboration. Son contenu est très pertinente pour les TSO au Canada, et elle est très fonctionnelle, et permet, entre autres, de trouver des partenaires, de favoriser la participation aux événements des TSO, et d’offrir un espace de travail partagé aux membres.

Même si le secrétariat de l’AROC est situé dans le MPO, l’AROC n’est pas dirigé ni coordonné par ce ministère. L’Alliance est plutôt considérée comme étant une coalition composée des personnes qui souhaitent en faire partie, et formée par la communauté et pour la communauté. L’Alliance est une entreprise collective dans laquelle le leadership et la responsabilité quant à la voie à suivre et aux résultats escomptés sont partagés.

Objet de la réunion de l’AROC 2018

L’atelier de l’AROC de 2017 et les travaux menés au cours des douze derniers mois ont mis l’accent sur l’élaboration des éléments essentiels d’une Alliance. La communauté des TSO a décidé qu’une réunion subséquente devait être organisée en 2018, pour miser sur ces éléments essentiels, poursuivre sur cet élan, et stimuler le développement d’une culture de collaboration au sein de la nouvelle communauté de coordination (voir l’annexe A – Programme de la réunion de l’AROC 2018).

Le thème de la réunion de l’AROC 2018, qui a eu lieu les 24 et 25 avril, a été le suivant : « Créer une culture de collaboration fructueuse ». Cette deuxième rencontre de l’AROC a permis de réunir plus de 250 participants provenant de 110 organisations universitaires, gouvernementales, sans but lucratif, privées, autochtones de l’ensemble du Canada (voir l’annexe B – Conférenciers et participants à la réunion de l’AROC 2018). Au cours des deux journées de réunions, des exposés ont permis de définir des orientations stratégiques, ainsi que de mettre en lumière des pratiques exemplaires et des leçons apprises en ce qui a trait au développement d’une collaboration fructueuse.

De nombreuses organisations membres de l’AROC ont profité de l’occasion pour présenter leurs travaux dans la zone d’exposition du lieu de réunion. Les expositions ont donné l’occasion aux membres de faire du réseautage avec leurs collègues et d’envisager de nouvelles possibilités de collaboration.

Sur la base des résultats de l’atelier de 2017, des séances en petits groupes ont été présentées afin d’avancer les discussions au niveau des « domaines défis », et des présentations ciblés ont permis de présenter les défis auxquels il faut faire face, ainsi que des possibilités à envisager pour être en mesure de relever chacun d’eux. Les domaines défis sont énumérés ci-dessous.

Les domaines défis de la réunion de l’AROC 2018

  1. Harmoniser les efforts, les plans et le financement autour de priorités communes.
  2. Faire progresser le partage des infrastructures.
  3. Bénéficier du soutien des sciences en matière de politiques publiques, de réglementation et de prise de décision.
  4. Encourager l’innovation et la commercialisation des connaissances et des technologies.
  5. Travailler en vue de donner une voix cohérente à la communauté des sciences océaniques dans les forums internationaux.
  6. Communiquer les technologies et les sciences océaniques.

Créer une culture de collaboration est un principe fondamental pour l’AROC. Les composantes de base requises pour former l’Alliance ont été établis, et les efforts sont maintenant axées sur le renforcement de la collaboration entre les scientifiques, les gestionnaires scientifiques et les utilisateurs de la science des organisations gouvernementales, universitaires, sans but lucratif, privés, et autochtones du Canada. La diversité constitue une force dans le domaine de la science et en collaborant la communauté trouvera de meilleures solutions en matière de TSO. Pour relever les défis sociétaux de plus en plus complexes qui sont liés à la gouvernance mondiale des océans, il faut renforcer la collaboration à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale, ainsi qu’entre les diverses disciplines et les différents secteurs d’activités. Les travaux de TSO requis pour relever ces défis doivent être multidisciplinaires et multisectoriels. Il faut nouer de nouveaux partenariats et développer une nouvelle culture de collaboration au sein de la communauté des TSO pour y arriver. La réunion de l’AROC 2018 a donné l’occasion de créer une culture de collaboration fructueuse au sein de la communauté canadienne des TSO, et de déployer des efforts pour répondre aux lacunes énoncées dans les rapports du CAC relativement à la coordination et à l’harmonisation de la communauté des sciences océaniques.