Fous des feux de forêt

Les feux de forêt se multiplient partout dans le monde, que ce soit en Californie, en Australie ou ailleurs. Les changements climatiques augmentent leur fréquence et prolongent la durée de la saison des incendies. Au Canada, il y a en moyenne 6 000 feux de forêt par année, qui ravagent une superficie totale de 2,8 millions d’hectares. La plupart se produisent en Colombie Britannique ainsi que dans les forêts boréales des Prairies, de l’Ontario, du Québec, du Yukon et des Territoires du Nord Ouest, mais leurs effets peuvent se faire sentir d’un bout à l’autre du pays.

La fumée des feux de forêt contient bon nombre de polluants atmosphériques, dont des particules, du monoxyde de carbone, du méthane et des composés organiques volatils. Elle contribue également à la formation d’ozone et d’autres matières particulaires. Contrairement aux autres polluants de l’air habituellement présents en milieu urbain, la fumée peut vite se déplacer dans une région et y rendre l’air nocif.

Effets des feux de forêt sur la santé au Canada

Selon les études, l’exposition à la fumée des incendies de forêt est associée à une augmentation du nombre d’infections et de troubles respiratoires, notamment de la fréquence des symptômes d’asthme et de maladie pulmonaire obstructive chronique, ainsi qu’à une hausse de la mortalité prématurée.

Carlyn Matz, scientifique de Santé Canada, et ses collègues ont récemment réalisé une évaluation de l’incidence sur la santé (en anglais seulement), en collaboration avec le Service météorologique du Canada, afin de déterminer les effets sur la santé et les coûts associés aux feux de forêt, notamment les frais médicaux, la baisse de la productivité au travail, la douleur et la souffrance, ainsi que les répercussions du risque accru de mortalité. Les résultats indiquent que, de 2013 à 2018, la fumée des feux a entraîné de 620 à 2 700 décès prématurés par année au Canada ainsi que de nombreux problèmes de santé connexes. Les effets sur la santé les plus importants ont été observés dans les provinces où il y a eu des feux, mais des incidences ont aussi été constaté partout ailleurs. Ces résultats montrent que la pollution de l’air causée par les incendies peut se disperser sur de longues distances et qu’une grande partie des Canadiens y est exposée. L’évaluation fait ressortir l’importance grandissante des feux de forêt comme source de pollution atmosphérique et d’effets nuisibles sur la santé au Canada, et l’on s’attend à ce que le problème s’aggrave en raison des changements climatiques. Ce travail a été présenté à d’autres organisations canadiennes s’intéressant aux risques liés aux incendies de forêt.

Lutte et collaboration

Jeff Eyamie s’occupe depuis 2008 de la mise en œuvre de la Cote air santé (CAS), une échelle destinée à aider les Canadiens à comprendre l’incidence de la qualité de l’air sur leur santé. Après que la fumée de feux de forêt a eu des incidences sur Kelowna à l’été 2009, son équipe s’est vite rendu compte qu’il fallait améliorer le modèle de la CAS pour communiquer les risques qu’elle présente pour la santé.

Santé Canada et ses partenaires ont modifié l’échelle originale pour créer la CAS+, qui tient compte des particules dues aux feux de forêt et en indique le niveau toutes les heures.

Pour protéger davantage les Canadiens contre l’exposition à la fumée des feux de forêt, Santé Canada fournit également des outils de surveillance d’urgence en cas de feux de forêt. Il s’agit de capteurs d’air spécialisés qui sont envoyés aux régions touchées pour mesurer l’incidence sur la qualité de l’air et mieux informer la population.

« Nous fournissons maintenant des renseignements aux gens pour leur permettre de modifier leur comportement et d’éviter d’être exposés à la fumée des feux de forêt », déclare Jeff. Les Canadiens peuvent désormais trouver des renseignements sur les effets de la fumée sur leur santé et les mesures qu’ils peuvent prendre pour se protéger. En plus de la CAS+ et de la surveillance d’urgence, Santé Canada collabore avec les provinces, les territoires et les autres ministères fédéraux pour améliorer l’information accessible aux Canadiens. À titre d’exemple, la Colombie¬¬¬ Britannique a réalisé des travaux de recherche et rédigé des messages sur les abris à air pur et les purificateurs d’air, qui peuvent s’avérer efficaces lors de feux de forêt.

Les responsables de la santé publique du Canada sont prêts à aider les collectivités à protéger leur santé contre la fumée des feux de forêt. Des messages spéciaux ont été élaborés pour avertir les Canadiens lorsque des épisodes de fumée sont prévus dans leur région, et le Modèle national de prévision de la fumée des feux de forêt Firework du Service météorologique du Canada permet de prévoir notamment quand il devrait y avoir de la fumée dans une région et quand elle devrait se dissiper.

« Il y a dix ans, personne ne parlait des feux de forêt, tandis qu’aujourd’hui, il existe une immense communauté de pratique ainsi que des programmes établis d’un océan à l’autre », affirme Jeff. « Les actions menées par le gouvernement du Canada à l’égard de la fumée sont un bel exemple de ce qui peut être accompli grâce à des partenariats. La recherche n’est pas la seule chose qui compte quand il est question de sciences. Il faut aussi faire en sorte que nous puissions appliquer nos connaissances de la façon la plus efficace et la plus utile possible afin d’en faire profiter les Canadiens. »