L’air ambiant : Données de l’étude sur la qualité de l’air dans le métro

Vous êtes-vous déjà interrogé sur la qualité de l’air que vous respirez lorsque vous êtes coincé dans la circulation? Keith Van Ryswyk, chercheur à Santé Canada sur l’exposition à la pollution de l’air, s’est penché sur la question, et les résultats sont intéressants.

Les fines particules aéroportées, ou PM2,5, sont un mélange de particules liquides et solides de moins de 2,5 micromètres de diamètre et de composition chimique variée qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons et causer des problèmes de santé à court et à long terme. Le Canada a fait d’importantes recherches sur les effets des PM2,5 sur la santé qui ont inspiré des politiques sur la qualité de l’air dans le monde entier. Keith étudie plus particulièrement les particules présentes dans les milieux de transport afin d’éclairer les mesures visant à réduire l’exposition des Canadiens.

Tout a commencé par des sacs à dos. En 2005, alors qu’il était adjoint de recherche, Keith a participé à une étude sur l’exposition des enfants asthmatiques aux PM2,5. L’un de ses objectifs était de mieux comprendre les différences dans l’exposition des enfants aux PM2,5 en fonction de leurs activités quotidiennes. Chaque enfant recevait un journal pour y noter ses activités et un sac à dos contenant un appareil de surveillance des PM2,5 qui prenait des mesures chaque seconde. Fait intéressant, cette étude et d’autres études du genre semblent indiquer que bien que le trajet quotidien entre le domicile et l’école ou le lieu de travail ne représente qu’une petite partie de la journée, celui-ci peut contribuer grandement à l’exposition quotidienne aux PM2,5. Cette constatation a amené Keith à réfléchir aux déplacements que nous faisons et à l’air que nous respirons à bord des autobus, des voitures et des métros, ainsi qu’à la façon dont ces informations peuvent être utilisées pour guider les politiques de réduction de l’exposition des Canadiens aux polluants atmosphériques.

Il s’est rapidement rendu compte qu’il existait très peu de données sur les niveaux de pollution atmosphérique dans les milieux de transport au Canada. Il a donc conçu une étude en 2010 pour mesurer les niveaux de pollution atmosphérique dans les milieux de transport de Toronto, de Montréal, de Vancouver et d’Ottawa, qui a donné des résultats intéressants. Le mélange de polluants atmosphériques dans chaque mode de transport est très différent. Dans les véhicules privés et les autobus, les gens sont exposés à des polluants liés aux gaz d’échappement des moteurs à essence et diesel. Les métros, en revanche, sont à propulsion électrique et sont généralement éloignés des gaz d’échappement des véhicules routiers. Les principales sources de particules dans les métros sont les composants des rails, des roues et des freins et proviennent de l’activité des trains. L'usure constante de ces matériaux peut entraîner des niveaux élevés de PM2,5, qui peuvent devenir concentrés dans des espaces souterrains confinés.

Les métros de Montréal, de Toronto et de Vancouver sont parmi les plus grands en Amérique du Nord. Ensemble, ils transportent en moyenne 2,5 millions de Canadiens au travail chaque jour. Ces trois métros diffèrent grandement sur le plan de la conception. Le SkyTrain de Vancouver est en grande partie extérieur et surélevé, contrairement aux métros de Toronto et de Montréal, qui sont principalement ou entièrement souterrains. De plus, les trains de Toronto et de Vancouver sont munis de roues en acier et de patins de frein métalliques, alors qu’à Montréal, les roues sont en caoutchouc et les patins de frein sont faits en bois, localement, et imprégnés d’huile d’arachide. Ces différences de conception donnent lieu à d’importantes variations dans les niveaux et la composition des PM2,5.

Les PM2,5 sont associées à une gamme d’effets sur la santé, dont des maladies respiratoires et cardiaques et une réduction de la longévité. Cependant, la majeure partie de cette étude a été réalisée à l’extérieur. Les PM2,5 présentes dans le métro diffèrent grandement de celles observées en milieu extérieur. Les particules détectées par l’équipe de Keith et d’autres groupes dans les métros sont fortement enrichies en éléments associés à l’acier et en éléments utilisés dans la fabrication des freins. « Nous devons mieux comprendre les composants de la matière particulaire qui sont à l’origine de sa toxicité. La réponse à cette question de recherche permettra d’améliorer la gestion des particules en suspension dans l’air », indique Keith.

Un autre objectif du travail de Keith sera d’explorer des moyens de réduire les PM2,5 dans le métro. Selon l’étude initiale, 21 % de l’exposition quotidienne aux PM2,5 des plus d’un demi-million de Canadiens qui passent 5 % de leur journée dans le métro de Toronto résulte de leur trajet en métro. Même une petite réduction des niveaux de PM2,5 dans ce réseau pourrait avoir des effets positifs importants sur l’exposition quotidienne d’un grand nombre de Canadiens aux PM2,5.

Chaque mode de transport est essentiel à notre économie, en particulier le transport en commun, et nous devons assurer la santé et la sécurité de ses usagers. La pureté de l’air est un élément important de la solution. Pour régler cette question, Keith a étudié des moyens d’améliorer de façon durable la qualité de l’air dans les transports en commun.

Depuis le début de l’étude, Keith travaille en étroite collaboration avec la Toronto Transit Commission (TTC) afin de trouver des façons de vérifier les changements qui pourraient avoir une incidence sur les niveaux de PM2,5 dans le métro. De nouveaux tests ont été effectués sur les quais, en plus des mesures déjà appliquées par la TTC pour améliorer le métro. Une analyse des données est en cours afin de déterminer les mesures qui ont de réels effets. Depuis des décennies, la TTC s’assure que les normes professionnelles en matière de qualité de l’air établies par le ministère du Travail de l’Ontario sont respectées. En fait, la TTC vient de terminer une étude sur la qualité de l’air, et tous les taux relevés respectent les normes établies pour les travailleurs qui passent leurs journées dans le métro.

L’étude sur la qualité de l’air dans le métro est un exemple des mesures prises par Santé Canada pour établir une base de données et des lignes directrices sur la gestion de la qualité de l’air, y compris des recommandations sur les mesures d’atténuation possibles dans les milieux de transport, qui orienteront l’élaboration de politiques visant à améliorer la qualité de vie des Canadiens, aujourd’hui et pour les années à venir.