Russel Shearer

Directeur de la recherche sur les sciences et les contaminants à Affaires autochtones et Développement du Nord Canada et président du Comité de gestion du PLCN, Russel nous fait part de ses idées et de son expérience avec le PLCN depuis le début en 1991 en évoquant notamment les incidences positives du programme sur les résidants du Nord, et décrit comment la recherche et la surveillance sont effectuées dans le Nord.

Transcription : Russel Shearer

C’est plutôt excitant, car le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord est perçu très négativement alors qu’il est en fait vraiment positif. Il a eu des répercussions favorables sur les résidants du Nord. Il a permis d’améliorer leur santé. Il a vraiment changé les choses.

Je m’appelle Russel Shearer. Je dirige la Direction des sciences et de la recherche sur les contaminants dans le Nord d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, à Ottawa. J’occupe ce poste depuis 2004. Avant, je participais au Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord en tant que coordonnateur principal depuis sa création, en 1991.

Un jour, on m’a demandé comment il était possible de travailler pour un même programme pendant 20 ans sans s’ennuyer après un moment. C’est que le programme est tout sauf ennuyant. En fait, c’est incroyablement gratifiant de constater que nous avons réellement changé la vie des gens. Lorsque nous avons commencé nos travaux, on considérait l’Arctique comme un territoire vierge, une des seules régions intouchées du monde. Or, nous réalisons maintenant que ce n’est pas le cas, que toute la pollution du Sud a des effets partout dans le monde, y compris dans l’Arctique. Nous n’avions aucune idée de l’ampleur de la question.

Or, le problème n’est pas réglé. De nouveaux contaminants deviennent préoccupants tandis que d’autres horreurs, comme le mercure, font une réapparition. Il faut donc en faire davantage. Nous devons continuer à négocier, à négocier à l’échelle internationale afin de changer les conséquences qu’ont nos activités sur le Nord et sur les personnes qui y vivent.

Je n’insisterai jamais trop sur l’importance des partenariats dans ce programme. Dès le départ, nous avons réalisé que les questions sur lesquelles nous nous attardons ne sont pas uniquement d’un intérêt universitaire, que le rôle des scientifiques ne se résume pas à recueillir des échantillons sur place pour ensuite les analyser en laboratoire avant de publier leurs articles. Le programme est cher aux résidants sur Nord, car il a des effets sur leur nourriture et sur la sécurité alimentaire. Nous devons donc inclure les résidants dans le processus. Bref, en faisant participer les résidants de l’endroit à la mise en œuvre des mesures et à la gestion du programme, nous tissons des liens étroits avec eux. Nous avons ainsi pu apporter des changements concrets dans la façon dont les gens font de la recherche et de la surveillance dans le Nord.

On ne fait plus qu’atterrir et repartir, ou plutôt, atterrir, prélever des échantillons et s’en aller. Ça, c’est la vieille école. Aujourd’hui, il faut communiquer avec les collectivités touchées avant même de mettre les pieds sur le terrain. Il faut faire participer les membres des collectivités, les intégrer à la recherche, leur demander de prélever des échantillons, les faire venir au Sud afin qu’ils analysent les échantillons dans nos laboratoires. On voit beaucoup de fertilisation croisée entre le Sud et le Nord, ainsi qu’entre le Nord et le Sud.

Maintenant, que devons-nous faire pour donner suite à cette grande réussite? Nous voulons vraiment commencer à mobiliser les résidants du Nord, à les habiliter à assumer plus de responsabilités dans le cadre du programme. Pour y parvenir, nous élargirons nos horizons et notre portée en plus de collaborer avec davantage de partenaires. Nous sommes vraiment enthousiastes pour l’avenir du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord.

Biographie

Jusqu'à sa retraite en 2015, Russel Shearer était le Directeur de la Direction des sciences et de la recherche sur les contaminants dans le Nord des Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. Dans cette position, il a présidé le Comité de gestion du PLCN pour les 15 dernières années. Il a également été le chef de la délégation canadienne et vice-président (et ancien président) du Programme de surveillance et d'évaluation de l'Arctique (AMAP), un des groupes de travail du Conseil de l'Arctique. Il a été membre de la délégation canadienne aux négociations mondiales sur le mercure dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), ainsi qu'à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants du PNUE. Il est aussi l'actuel président du Comité de gestion de la recherche d'ArcticNet.