Une collaboration internationale dévoile les mystères de la dernière période glaciaire

Par Calvin Campbell, Ph.D.

Navire de recherche Maria S. Merian

Photo : Navire de recherche Maria S. Merian. Photo fournie par Volker Diekamp, MARUM

L’été dernier, j’ai accepté une invitation à participer à une expédition de recherche dans la baie de Baffin à bord du navire de recherche allemand Maria S. Merian, dirigée par le scientifique en chef allemand Boris Dorschel. Le but du voyage (MSM66) était d’étudier la déglaciation de l’inlandsis laurentidien dans cette région en cartographiant et en prélevant des échantillons dans diverses parties de la baie de Baffin sur une période de trois semaines. Essentiellement, nous voulions recueillir des données sur les fonds marins pour mieux comprendre la fin de la dernière période glaciaire.

L’inlandsis laurentidien était une immense nappe de glace qui recouvrait la majeure partie du Canada et des États-Unis durant la dernière période glaciaire. Comprendre comment cette calotte glaciaire a fondu peut en dire beaucoup aux scientifiques sur l’impact que ce processus pourrait avoir sur le changement climatique aujourd’hui. Par exemple, dans le nord, les trois quarts du Groenland sont recouverts d’une calotte glaciaire. Si elle devait fondre en raison du réchauffement de la planète, il y aurait des impacts climatiques dramatiques, non seulement dans la région de l’Atlantique, mais aussi en Europe. C’est l’une des raisons pour lesquelles les régions arctiques et subarctiques présentent un grand intérêt pour les scientifiques du monde entier. Et MSM66 était une excellente occasion de favoriser une relation de travail canado-allemande plus étroite pour l’avancement des géosciences marines dans ce domaine.

Carottier à gravité prêt pour son déploiement, baie Melville

Photo : Carottier à gravité prêt pour son déploiement, baie Melville. Photo fournie par Calvin Campbell

En plus d’accroître la collaboration canado-allemande, cette expédition a été une occasion d’enseignement pour les scientifiques en devenir. Cette campagne faisait partie du programme ArcTrain, un programme international visant à former des étudiants-chercheurs sur les questions liées au changement climatique dans les régions arctiques et subarctiques. Nous avons navigué avec 24 membres du personnel de bord et 22 membres du personnel scientifique, tous sauf quatre d’entre eux étaient des étudiants de doctorat ou de post-doctorat d’universités en Allemagne, au Danemark et au Canada.

Traitement des carottes

Photo : Traitement des carottes. Photo fournie par Volker Diekamp, MARUM

Les opérations sur MSM66 impliquaient la cartographie du fond marin à l’aide de sonars bathymétriques multifaisceaux et de sondeurs de sédiments, puis l’échantillonnage à l’aide d’un carottier à gravité géant (jusqu’à 16 m de longueur) et d’un carottier à boîte. Entre les périodes d’échantillonnage, toutes les carottes ont été balayées avec le Multisensor Core Logger (MSCL), divisées, sous-échantillonnées, décrites et photographiées. Des tracés longitudinaux et descriptions numériques de toutes les carottes ont été réalisés pendant le transit de 3 jours à la fin de la croisière. J’ai été affecté à l’équipe « géo .J’ai donc aidé à l’échantillonnage, j’ai effectué les analyses par MSCL, j’ai découpé et enregistré les carottes et j’ai contribué à la planification de l’expédition. C’est un travail hautement technique qui est nécessaire pour recueillir et organiser les données dont nous avons besoin pour faire avancer notre compréhension de ce que l’inlandsis laurentidien a laissé.

Déploiement du carottier à boîte dans le fjord de Clyde

Photo : Déploiement du carottier à boîte dans le fjord de Clyde. Photo fournie par Volker Diekamp, MARUM

Les résultats préliminaires indiquent que l’expédition MSM66 a été un grand succès. Les efforts de sondage ont permis de doubler approximativement la couverture cartographique par sonar multifaisceaux dans la baie de Baffin. Les données révèlent de nouvelles informations sur l’histoire glaciaire tardive et postglaciaire de la baie de Baffin, ainsi que sur les processus glaciomarins, sous-glaciaires et liés aux fjords. Ces données devraient appuyer plusieurs thèses de deuxième cycle et entraîneront une collaboration accrue entre les chercheurs canadiens et allemands. Les données seront également utiles pour d’autres études liées aux processus qui touchent les fonds marins, aux dangers géologiques, à l’habitat benthique et aux pêches. Toutes ces informations contribuent de manière notable à nos connaissances scientifiques en ce qui concerne la fin de la dernière période glaciaire, ce qui aidera grandement à déterminer comment les futurs processus liés au changement climatique peuvent affecter notre planète.

Calvin Campbell se fait rincer au jet d’eau à la fin de la campagne.

Photo : Calvin Campbell se fait rincer au jet d’eau à la fin de la campagne. Photo fournie par Volker Diekamp, MARUM