La Forêt fossile de l’Arctique Bernard-Pelletier de l’Institut océanographique de Bedford (IOB)

Par Patrick Potter

La plupart des gens savent que, de nos jours, les arbres ne poussent pas dans l’Extrême Arctique canadien. Ce que beaucoup ne savent peut être pas, c’est qu’il n’y a pas si longtemps, du point de vue géologique, les régions polaires étaient couvertes de forêts luxuriantes durant une longue période des ères mésozoïque et cénozoïque.

Dans ce diorama de l’American Museum of Natural History, nous voyons le coryphodon, le plus grand mammifère de son temps, dans une forêt luxuriante remplie de métaséquoias, de faux cyprès, de pruches, de pins et de fougères. C’est à cela que ressemblait probablement l’île Axel Heiberg, dans l’Extrême Arctique canadien, il y a environ 40 millions d’années.

Nous le savons en raison des découvertes de fossiles dans tout le bassin de Sverdrup, sur les îles d’Ellesmere et Axel Heiberg. Des vestiges d’arbres et des grains de pollen préservés racontent l’histoire d’une époque où le climat de la Terre était bien différent d’aujourd’hui, beaucoup plus chaud et humide. Cet environnement existait malgré le fait que les forêts se trouvaient dans un milieu polaire où il y avait près de six mois d’obscurité totale en hiver.

En ayant cette information à l’esprit, Ruth Jackson, maintenant scientifique émérite de la Commission géologique du Canada (CGC), a eu l’idée, il y a dix ans, de fonder un jardin vivant à l’image des forêts luxuriantes qui florissaient dans l’Extrême Arctique canadien il y a des millions d’années.

Mme Jackson a travaillé avec Claudia Currie, également à la CGC à l’époque, pour obtenir l’appui de la direction de l’IOB et de l’Association des amis de l’océan de l’IOB et lancer officiellement le 17 octobre 2018 la Forêt fossile de l’Arctique Bernard-Pelletier.

La Forêt fossile de l’Arctique Bernard Pelletier est un regroupement d’arbres, d’arbustes et de fougères qui ont été plantés dans la cour de l’IOB pour recréer le plus fidèlement possible la flore qui existait dans l’Extrême Arctique canadien durant les ères mésozoïque et cénozoïque.

La forêt est dédiée à l’ancien chercheur de la CGC Bernard Pelletier, un pionnier de la recherche scientifique dans l’Arctique qui a dirigé certaines des premières études sur la géologie de l’Arctique canadien, notamment des études géophysiques dans la mer de Beaufort durant la circumnavigation des Amériques à bord de l’Hudson en 1970. Trois des arbres de la forêt sont dédiés à d’éminents scientifiques de l’IOB : un métaséquoia dédié à feu M. Surat P. (Shiri) Srivastava, un ginkgo dédié à M. Lloyd M. Dickie et un cyprès chauve dédié à M. Donald Gordon.