Souche d'hépatite rare infecte un humain

Rat hepatitis E virus linked to severe acute hepatitis in an immunocompetent patient. Andonov A*, Robbins M, Borlang J*, Cao J*, Hatchette T, Stueck A, Deschaumbault Y*, Murnaghan K, Varga J*, Johnston B. J Infect Dis 2019 Jan 11. doi: https://doi.org/10.1093/infdis/jiz025

 

 

L’article scientifique qui suit a pour but, dans le cadre de la Journée mondiale contre l’hépatite (28 juillet 2019), de souligner le fait que les épreuves de laboratoire étoffées ont permis le diagnostic et la caractérisation d’une nouvelle souche du virus de l’hépatite E. Grâce à la découverte, on pourra mieux comprendre, surveiller et détecter la maladie infectieuse.

Que savait-on de ce domaine avant vos travaux et quel est le motif de cette recherche ?

Le virus de l’hépatite E (VHE) est un problème majeur de santé publique dans les pays en développement, où la transmission se fait avant tout par l’eau contaminée. Les signalements de cas d’infection zoonotique par le VHE, pour lesquels les porcs constituent le principal réservoir animal d’infection, sont de plus en plus fréquents en Europe, au Japon et aux États-Unis. De récentes données sérologiques suggéraient que le VHE du rat pouvait aussi se transmettre à l’humain. La recherche dont il est question ici a confirmé cette hypothèse et permis de décrire un cas humain d’hépatite aiguë grave causée par une nouvelle souche de VHE du rat.

Quels sont les résultats les plus importants de vos travaux ?

Nos travaux ont permis d’isoler et de caractériser, au moyen d’une méthode de séquençage génomique par PCR (amplification par la polymérase) à large spectre de réactivité, une infection aiguë inhabituelle par le virus de l’hépatite. Le diagnostic d’une nouvelle souche de VHE du rat aurait été impossible si des épreuves de diagnostic de l’infection humaine par le VHE offertes sur le marché avaient été utilisées. De plus, il s’est avéré que cette souche de VHE du rat avait une séquence génomique considérablement différente de celle des autres souches de VHE du rat et représentait ainsi un nouveau génotype.

Il s’agit du deuxième cas recensé d’infection humaine par le VHE du rat, quelques mois seulement après l’identification du tout premier cas à Hong Kong. Le patient hongkongais vivait dans une habitation infestée de rats et était immunodéprimé, ce qui pourrait avoir favorisé la transmission interspécifique. Cependant, l’infection par le VHE du rat révélée par notre étude est survenue chez une personne préalablement en santé, qui n’avait pas de contacts directs avec des rats. Ainsi, une voie de transmission secondaire, toujours inconnue, pourrait être en cause.

Quelles sont les répercussions de la recherche ?

Il est possible que le VHE du rat soit une cause sous-estimée d’hépatite humaine. D’autres études sont nécessaires à la définition des risques qu’il pose et de ses voies de transmission. Étant donné que les épreuves de diagnostic sérologiques et moléculaires habituellement utilisées pour le dépistage du VHE chez l’humain ne détectent pas l’infection par le VHE du rat, il se pourrait que celui-ci soit plus répandu et ait une plus grande incidence sur la santé publique que ce que l’on croyait jusqu’ici.