Femme physique : Explorer les sciences pour trouver sa voie

Marilyn Tremblay, chef du Centre national de référence pour les essais biologiques et la surveillance in vivo du Laboratoire de surveillance humaine de Santé Canada, a commencé à s’intéresser aux sciences au Cégep alors qu’elle s’est inscrite à la technique en technologie physique, spécialisation photonique. « J’ai toujours aimé la partie manuelle des sciences, mais je voulais aussi comprendre la théorie, explique Marilyn. J’ai tout de suite eu la piqûre. »

Originaire de Québec, Marilyn voyait beaucoup de débouchés en photonique, la science de la lumière, puisqu’elle se trouvait en plein centre de la Cité de l’optique. Suite à un intermède à Calgary, en Alberta, elle a été admise à l’Université du Québec à Trois-Rivières en physique, afin de diversifier davantage ses connaissances.

« Le dernier été de mes études, je suis allée travailler pour Calian, une entreprise offrant des services professionnels dans les domaines de la santé, des TI, de la formation, de l’ingénierie et de la fabrication, à l’école militaire d’électronique de Kingston, se rappelle Marilyn. J’y suis resté pendant 5 ans pour enseigner le cours d’instruction en électronique axée sur le rendement, tout en terminant mon baccalauréat par correspondance. » Pendant ce temps, elle a eu la chance de travailler avec un SLOWPOKE, un petit réacteur nucléaire de recherche universitaire, ce qui l’a encouragé à continuer vers une maitrise en génie énergétique et nucléaire à la Polytechnique de Montréal.

Le temps fait bien les choses car alors qu’elle terminait sa maitrise, Marilyn a eu l’occasion de travailler sur un projet de recherche avec la Division de la préparation et de l’intervention aux urgences nucléaires de Santé Canada. Par la suite, l’accident de Fukishima Daiichi a eu lieu et elle est restée chez Santé Canada dans la division des effets du rayonnement sur la santé.

Sa curiosité l’a mené à effectuer de la dosimétrie interne, soit obtenir la dose causée par l’ingestion ou l’inhalation accidentelle de produits radioactifs. « Les travailleurs du nucléaire peuvent travailler avec des produits radioactifs solides ou liquides et ils doivent donc respecter des procédures très strictes », explique Marilyn.

Le Laboratoire de surveillance humaine est responsable de s’assurer que les services de dosimétrie interne au Canada respectent les exigences techniques et d’assurance de la qualité dictée par la Commission canadienne de sureté nucléaire. Pour ce faire, l’équipe de Marilyn envoie des échantillons pour tester la capacité de ces laboratoires qui se trouvent entre autre dans les centrales nucléaires ou les hôpitaux Canadiens, et ainsi s’assurer que les travailleurs sont bien protégés.

« Il ne s’agit pas d’un travail routinier. On fait entre autre de la mesure dans le corps humain, de la modélisation par ordinateur, de l’impression 3D de fantômes anthropomorphiques, dit Marilyn. J’aime beaucoup essayer de nouvelles choses pour voir où elles vont me mener. »

Le Laboratoire comprend aussi deux chambres de comptage avec des détecteurs sophistiqués qui peuvent déceler d’extrêmement petites quantités de matériaux radioactifs qui se trouvent dans le corps humain. Même si les cas réels sont rares, on y effectue parfois des mesures sur certains membres du public. Par exemple, Marilyn raconte le cas d’un homme qui purifiait du radium dans les années 1940. Nous ne savons pas exactement ce qui s’est produit, mais il a accidentellement ingéré du radium. Depuis ce temps, il est venu quelque fois au laboratoire pour mesurer la quantité de radium qui se trouve dans ses os.

Suite aux mesures effectuées par les différents services de dosimétrie, il est possible de déterminer le matériau et la quantité ingérée ou inhalée par les travailleurs. Cette dose interne est ajoutée à l’exposition externe des travailleurs pour obtenir un véritable portrait de la situation. Si les doses sont trop élevées, la Commission canadienne de sûreté nucléaire détermine les recommandations et la marche à suivre pour les travailleurs.

« Il n’y a pas beaucoup de femmes dans mon domaine. En fait, je suis la seule dans mon laboratoire, indique Marilyn. Je trouve cela intéressant car nous n’avons pas les mêmes approches que les hommes, nous ne pensons pas de la même façon. On se complète bien! »

« J’encourage les filles à se lancer en sciences et à essayer toutes sortes de différentes choses. C’est en explorant qu’on arrive à trouver ce qui nous intéresse, il est difficile de savoir avant de l’essayer! » conclu Marilyn avec enthousiasme.

 

Attirons l’attention sur le travail exceptionnel des femmes en sciences! Cet article fait partie d’une série d’un mois pour célébrer les femmes dans le domaine des sciences, à partir de la Journée internationale des femmes et des filles de science (11 février) jusqu’à la Journée internationale de la femme (8 mars). Pour lire encore plus d’articles sur les femmes extraordinaires qui travaillent en sciences, rendez-vous sur le blogue Les Canadiennes dans le domaine des STIM.