COVID-19 : fenêtre d’infection

Vous êtes-vous déjà posé la question : combien de temps les personnes qui ont la COVID-19 sont-elles contagieuses, c’est-à-dire en mesure de transmettre le coronavirus à d’autres personnes? Des scientifiques du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) ont essayé de trouver la réponse à cette épineuse question.

Le Dr Jim Strong est un chercheur scientifique principal au LNM. Il travaille à comprendre les mécanismes qui rendent le coronavirus responsable de la COVID-19 si infectieux. Son équipe de chercheurs a récemment collaboré avec le Laboratoire provincial Cadham du Manitoba pour publier un article sur la durée de la période pendant laquelle les personnes qui ont contracté la COVID-19 peuvent transmettre le coronavirus à d’autres.

Méthode d’attaque des virus

Le Dr Jim Strong, chercheur scientifique principal au LNM, explique que les virus ont besoin de nous parce qu’ils ne peuvent pas survivre par eux-mêmes. Il poursuit en disant que par contre, une fois que les virus envahissent les cellules vivantes d’une personne, ils peuvent se multiplier de manière exponentielle et causer une maladie grave. Si le système immunitaire d’une personne n’est pas assez robuste pour combattre le virus quand il entre dans l’organisme, le germe peut ensuite s’établir et commencer à causer des ravages.

Les virus ne sont pas nécessairement nocifs par eux-mêmes, mais peuvent s’accompagner de maladies mortelles. Le coronavirus responsable de la COVID-19 entraîne des symptômes, comme la toux et les éternuements, qui peuvent le transmettre à d’autres personnes pour les infecter. Selon de nouvelles recherches du LNM, il semble que le virus qui cause la COVID-19 ne dispose que d’une fenêtre de temps limitée pour infecter d’autres personnes. Il s’agit toutefois de conclusions préliminaires et il faudra mener plus de recherches pour confirmer ces résultats.

Échéance d’infection

Des scientifiques du LNM sous la direction du Dr Jim Strong ont réalisé l’étude la plus vaste et la plus diversifiée de l’infectivité du coronavirus responsable de la COVID-19 à ce jour dans le monde, qui a porté sur des échantillons de plus de 90 patients. Dans cette étude, les chercheurs ont comparé des échantillons prélevés dans le nez et la gorge de patients à divers moments à partir de l’apparition des symptômes. Ils ont aussi mesuré la capacité des échantillons de transmettre l’infection à des cellules cultivées en laboratoire. Les chercheurs ont utilisé les échantillons des patients infectés par la COVID-19 pour cultiver le coronavirus en environnement contrôlé.

Après avoir cultivé le virus, les chercheurs ont fait un suivi du degré d’infectiosité des échantillons. Ils ont trouvé que les échantillons des patients ne contenaient plus de matériel infectieux après le huitième jour suivant l’apparition des symptômes. Cela signifie que jusqu’à la huitième journée, les patients peuvent toujours transmettre la maladie, après quoi il est improbable que les patients transmettent le virus. Ces conclusions ne signifient cependant pas que le virus responsable de la COVID-19 disparaît après huit jours. Les chercheurs ont trouvé que le matériel génétique du virus était toujours présent dans les échantillons, mais qu’il était impossible de le cultiver, ce qui signifie donc qu’il ne devrait pas pouvoir infecter d’autres personnes.

Avant cette étude de recherche, il y avait un manque de données obtenues en laboratoire pour comprendre ce facteur très important de la propagation de laCOVID-19.

Selon le Dr Strong, cette étude est une continuation de recherches menées par d’autres experts du monde entier, mais avec un nombre d’échantillons beaucoup plus grand. Il affirme que la prochaine étape est de reproduire l’étude à plus grande échelle encore. La raison de procéder ainsi est de vérifier que les conclusions demeurent homogènes pour des groupes différents et de plus grande taille afin que nous puissions avec confiance adapter les directives de santé publique de manière à protéger la santé de la population canadienne de la meilleure façon possible.

Jusqu’à ce que plus d’études aient été menées, la période d’isolement de 14 jours demeurera en vigueur au Canada et probablement dans de nombreux autres pays. Même s’il faut encore mener d’autres recherches, cette étude est un jalon important en route vers un retour à la normale.