Minuscules particules, grandes questions

Il est de plus en plus important, dans le monde d’aujourd’hui où tout évolue à un rythme effréné, de comprendre les effets des nouveaux produits et des nouvelles technologies. C’est en comprenant les répercussions possibles des nouveaux produits sur la santé que les scientifiques sont en mesure de donner des directives sur la façon de l’utiliser en toute sécurité, permettant d’élaborer des politiques, de la réglementation et des lignes directrices qui tiennent compte des risques et des avantages de toutes sortes d’innovations.

Le recours aux nanomatériaux manufacturés constitue une percée majeure. La taille des substances est intentionnellement très petite, jusqu’à 10 000 fois plus petite que le diamètre d’une mèche de cheveux. Nous pouvons ainsi changer la façon dont la substance agit, ce qui permet de l’utiliser de manière novatrice. À titre d’exemple, le dioxyde de titane est un ingrédient souvent utilisé dans les écrans solaires. La réduction de la taille des particules de dioxyde de titane permet d’éliminer la pellicule blanche que certains écrans solaires laissent sur la peau. Leur petite taille procure également une meilleure protection contre les puissants rayons du soleil.

L’argent est une autre substance qu’il est courant de trouver à l’échelle nanométrique. Des particules artificielles d’argent sont ajoutées à la gaze, aux bandages et aux pansements adhésifs en raison des propriétés antibactériennes de l’élément chimique pour aider à réduire le risque d’infection. Les propriétés antibactériennes de l’argent sont également mises à profit pour rendre certains types de vêtements plus hygiéniques, comme les chaussettes, les oreillers et autres articles de literie. Grâce au nano-argent, fini les mauvaises odeurs!

Les nanomatériaux fabriqués sont de plus en plus souvent incorporés dans des produits, il est donc essentiel de comprendre ce qui se passe lorsque nous y sommes exposés. Comme leur petite taille leur permet de pénétrer plus profondément dans les tissus et les organes, nous devons savoir comment l’organisme réagira.

Sabina Halappanavar (Ph.D.) est chercheuse à Santé Canada. Elle étudie les répercussions possibles sur la santé humaine associées à l’exposition aux nanomatériaux fabriqués, en s’intéressant plus particulièrement au système respiratoire. Ses travaux ont également joué un rôle déterminant dans l’élaboration d’outils plus efficaces pour réduire le recours aux animaux dans les laboratoires.

Les substances de synthèse, comme les nanomatériaux, nécessitent des méthodes d’analyse rigoureuses et novatrices qui génèrent des données de grande qualité. Le laboratoire de Mme Halappanavar emploie une technique appelée « culture de poumons », où un fragment de tissu pulmonaire est cultivé dans un contenant, en même temps que des techniques qui lui permettent de consigner tous les changements moléculaires qui se produisent dans une cellule après qu’elle a été exposée à des nanomatériaux. Mme Halappanavar précise que grâce à ces modèles avancés d’analyse, les chercheurs peuvent observer les réactions à l’échelle moléculaire et cellulaire, dans leur structure anatomique d’origine, à l’extérieur d’un animal. Les données générées par ces outils permettent l’évaluation préalable d’un grand nombre de nanomatériaux pour observer leurs effets sur la santé pulmonaire, sur une courte période et en utilisant moins d’animaux.

Le travail de l’équipe de Mme Halappanavar, qui œuvre à Santé Canada, est remarqué sur la scène internationale. Elle évoque le fait que comme chaque découverte de nanomatériaux exige des analyses distinctes, l’évaluation se transforme rapidement en une tâche monumentale. Pour faire avancer les choses, Mme Halappanavar prend part à des initiatives dirigées par des organismes étrangers, comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De plus, elle s’associe à plusieurs chercheurs d’autres pays pour formuler des pratiques exemplaires en matière d’analyse des nanomatériaux. Elle met activement à profit l’expertise, les ressources et les outils internationaux pour faire progresser l’état des connaissances scientifiques dans ce domaine et pour guider la prise de décisions réglementaires à Santé Canada. Essentiellement, elle aide à rendre les produits plus sûrs pour les Canadiens.

 

Attirons l’attention sur le travail exceptionnel des femmes en sciences! Cet article fait partie d’une série d’un mois pour célébrer les femmes dans le domaine des sciences, à partir de la Journée internationale des femmes et des filles de science (11 février) jusqu’à la Journée internationale de la femme (8 mars).