Troisième levé conjoint Canada – É.-U. du plateau continental étendu dans l’Arctique (2010)

Blogue écrit par David Mosher, chercheur scientifique en géophysique marine à la Commission Géologique du Canada (Atlantique) de Ressources naturelles Canada et Walta Ann Rainey,  technologue en géoscience marine à la Commission géologique du Canada (Atlantique) de Ressources naturelles Canada.

David Mosher est un chercheur scientifique en géophysique marine à la Commission Géologique du Canada (Atlantique), Ressources naturelles Canada. Se spécialisant en  acquisition, traitement et interprétation de données sismiques marines par réflexion, il travaille à partir de l’Institut océanographique de Bedford à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse.

M. Mosher a pris part à plus de 40 expéditions en mer vers de nombreuses destinations dans le monde, notamment au service du premier brise-glace non nucléaire au pôle Nord, et il a dirigé lui-même comme scientifique principal plus de 30 expéditions, dont la mission de cette année et celle de l’année dernière.

Walta Ann Rainey, mieux connue sous le nom de Walli, est une technologue en géoscience marine qui travaille à la Commission géologique du Canada, section Canada-Atlantique, de Ressources naturelles Canada.  Lorsqu’elle travaille à son bureau, ses activités sont axées sur les travaux du système d’information géographique pour le Programme du plateau continental étendu et elle offre un soutien à  l’infographie. Lorsqu’elle se trouve à bord du Louis S. St-Laurent, Walli fournit un soutien au système d’information géographique pour le projet scientifique et aide au traitement des données de profils du sous-sol de fond de 3,5 kHz.

Table des matières


Arrivée sur le bateau 2

La nouvelle expédition a débuté tôt le matin, avec un vol affrété vers Kugluktuk via Iqaluit. Kugluktuk, ou Kug comme l'appellent les habitués, est un petit hameau situé sur la côte nord-ouest du Nunavut. Le NGCC Louis S. St-Laurent nous attendait juste au large des côtes et un hélicoptère nous y a transportés, quatre passagers à la fois, avant d'y déposer nos bagages et provisions. Les premières  réunions ont eu lieu entre équipages, puisque l'équipage qui quittait le Louis était celui de l'expédition de l'année dernière. Ce fut l'occasion de moult sourires, embrassades et échanges d'anecdotes. Une fois arrivés s ur le Louis, il nous a fallu un moment pour nous remettre en mémoire la disposition des lieux, réoccuper nos anciennes cabines, ranger nos effets et vérifier l'état du matériel. Il y a eu aussi beaucoup de formalités administratives à régler pour assurer que tous nos gens avaient leurs cabines et qu'ils étaient bien inscrits auprès du bureau de la logistique du navire. Une fois tout le monde à bord, le personnel  scientifique s'est réuni brièvement alors que le capitaine et moi-même avons passé en revue les plans. Il  a fallu attendre un jour ou deux à Kugluktuk car une grande partie de l'équipage n'avait encore jamais  navigué à bord du Louis, et il lui fallait apprendre à bien en connaître les rouages.

Le 6 août, jour de mon 50e anniversaire, nous avons levé l'ancre et mis le cap vers l'ouest pour rejoindre la mer de Beaufort en empruntant le passage du Nord-Ouest, ce qui nous a pris quelques jours. Notre premier plan d'action était de faire des levés des eaux canadiennes dans la pente de Beaufort avant de nous diriger du côté des États-Unis. Alors que nous arrivions dans la mer de Beaufort, les eaux sont devenues plus agitées, au grand dam de certains des passagers -- il faudra bien cependant qu'ils s'y habituent ! Dès le 8 août, nous étions prêts à commencer les levés. Mais lorsque nous avons déployé et mis en marche l'équipement -- il ne s'est rien passé! Comme d'habitude, le démarrage a connu des petits ratés. Heureusement, notre groupe de techniciens était particulièrement expérimenté et il eut vite fait de tout remettre en état de marche. Après quelques jours de levés, ponctués par des problèmes sporadiques de matériel, notre navire rejoint le Cutter Healy de la Garde côtière des États-Unis, un brise-glace légèrement plus grand que le Louis, beaucoup plus neuf que notre navire, mais certainement pas plus confortable.

Accompagné du capitaine et d'un scientifique-agent de liaison des États-Unis, je me suis rendu en hélicoptère à bord du Healy pour y rencontrer le capitaine et les États-Unis, la Garde côtière est une organisation militaire et le Healy a été conçu à cette fin, avec peu de hublots, des planchers et des cloisons en acier et beaucoup moins de commodités que le Louis. Notre visite a été l'occasion pour les deux navires de s'échanger quelques membres d'équipage, dans le cadre de la collaboration canado-américaine. À notre retour sur le Louis, les deux navires se sont mis en route vers le premier point de cheminement situé dans la zone économique exclusive des États-Unis. Les activités de levé ont commencé pour de bon.

David Mosher, expert scientifique en chef, Ressources naturelles Canada

 

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Les premiers jours à bord

On a beau savoir qu’on est sur un bateau, on ne s’en rend pas toujours compte. Quand la mer est calme, et qu’il y a peu de vent, on sent à peine les mouvements du vaisseau. Ce fut le cas les deux premiers jours.

Lorsque nous avons levé l’ancre dans le golfe Coronation à Nunavut pour franchir le passage du Nord-Ouest et rejoindre la mer de Beaufort, je n’étais guère consciente du roulis. Ce ne fut malheureusement pas le cas pour tout le monde et certains passagers qui n’avaient pas le pied marin ont rapidement regretté d’avoir refusé les pilules de Gravol offertes.

Les deux ou trois premiers jours étaient particulièrement animés. Le personnel scientifique s’affairait à mettre sur pied les postes de travail informatisés et les instruments géophysiques et à en ajuster chaque pièce pour en assurer un déploiement impeccable.

L’équipage avait également son programme d’activités fort chargé. Pour beaucoup d’entre eux, c’était le premier voyage à bord du Louis S. St.- Laurent et, pour certains, la première visite de l’Arctique. Nous  étions tous impatients de nous mettre en route vers les eaux libres de la mer de Beaufort. Durant la journée, nos activités ont été interrompues par des exercices d’incendie et d’embarcation. Ce fut  l’occasion pour tous d’essayer les vêtements de survie -- un équipement obligatoire à bord de tous les bateaux, mais surtout dans l’Arctique. Il a fallu ensuite apprendre à reconnaître les signaux d’alarme : sept petits coups de sirène suivis d’un coup plus long : il y a le feu! Une longue sonnerie continue signifie : dirigez-vous vers les canots de sauvetage! L’exercice d’incendie comportait en outre de faux blessés pour mettre aussi à l’épreuve le personnel médical. Nous avons également eu l’occasion de faire la connaissance des autres passagers. Le capitaine a organisé une séance de rencontre pour l’équipage et  le personnel scientifique, où chacun a pu se présenter à ses voisins dans une ambiance agréable et  détendue.

Après tout, puisque nous allons vivre et travailler ensemble au cours des six prochaines semaines, ce serait sympa de pouvoir reconnaître tout le monde. Ensuite, place au sérieux. Il est temps de mettre en pratique les longs et laborieux préparatifs entrepris. Plaçons les équipements dans l’eau et lançons les moteurs à plein régime. En avant toute, à la vitesse vertigineuse de quatre kilomètre à l’heure.

Wali

Walta Ann Rainey, Soutien scientifique et technique, Ressources naturelles Canada

 

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Les communications – un élément critique

Cela fait dix jours que nous menons des opérations conjointes avec le Cutter Healy (le Healy) de la Garde côtière des États- Unis et le Louis S. St-Laurent (le Louis) de la Garde côtière canadienne. Bien sûr, il y a eu quelques pépins, comme dans toutes les opérations, mais dans l’ensemble, l’acquisition de données a été excellente. De nombreux membres d’équipage à bord du Healy, aussi bien que sur le Louis, ne connaissaient pas encore notre façon de fonctionner. Dans le cadre de nos activités, il nous fallait  maintenir une faible vitesse constante et un parcours droit -- ce qui était presque impossible à réaliser quand il y a de la glace à briser. Le Healy nous donne un coup de main en nous précédant pour briser la glace devant nous. Il faut compter aussi la présence constante du brouillard, qui réduit la visibilité. Les communications sont donc un élément critique, d’une part entre les deux navires, et d’autre part entre le pont et notre laboratoire. Mais les choses commencent à se mettre en place.

La communication est grandement facilitée par l’établissement d’une connexion sans fil entre les deux navires. C’est le même système que la connexion internet que vous utilisez à la maison, sauf que nous disposons d’une grande antenne placée dans le nid de corbeau du navire pour transmettre et recevoir les signaux. La connexion sans fil nous permet de monter des lecteurs d’ordinateur, de partager des fichiers et même d’établir une liaison téléphonique -- genre Skype -- entre les deux navires. Lorsque nous sommes à l’intérieur d’une portée de cinq kilomètres, le système marche parfaitement, et nous permet même de placer des appels interurbains aux États-Unis sans frais! Nous avons établi un horaire d’appels réguliers pour assurer des communications fréquentes. Jusqu’ici, nous n’avons fait que naviguer autour des banquises, alternant entre les régions glaciaires et la mer libre. Nous avons fait le levé de la zone économique exclusive (ZEE) des États-Unis et nous travaillons actuellement près de la dorsale Northwind, à l’ouest de la banquise principale. Nous nous dirigerons ensuite vers le nord, en espérant atteindre la latitude 85 Nord, où nous ferons des levés autour de la dorsale Alpha. Le plus gros problème que nous avons eu jusqu’ici avec notre matériel a été l’infiltration d’eau dans notre réseau d'hydrophones.

Ce problème est survenu de nouveau, tôt le matin, ce qui nous a valu un réveil très matinal. À 2 heures du matin, il a fallu ramener le réseau à bord pour le réparer ... Misère! Nous n’avons pas vu beaucoup d’animaux sauvages jusqu’ici. Quelques phoques et des ours, mais ils étaient tous très éloignés. Les ours polaires sont des créatures fantastiques. Nous en avons aperçu un hier sur une plaque de glace flottante   (et je vous rappelle que nous sommes à plus de 500 km de toute terre), qui a plongé dans l’eau avec une grande éclaboussure. Il est resté sous l’eau pendant un moment, puis il est ressorti de l’eau pour grimper sur un autre morceau de glace et s’éloigner au trot. Les ours blancs n’ont pratiquement peur de rien -- même pas de deux gros navires rouges. Notre observateur de mammifères a raconté en avoir vu un l’autre jour qui s’est levé sur ses pattes arrières pour frapper violemment la glace plusieurs fois avec  ses pattes de devant -- geste d’intimidation destiné à faire fuir l’énorme animal rouge à bande blanche qui flottait au loin.

- David

David Mosher, expert scientifique, en chef Ressources naturelles Canada

 

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La vie à bord d'un navire dans l'Arctique

Vivre et travailler à bord d’un navire dans l’Arctique peut être enrichissant, tout en présentant son lot de difficultés. Voilà en effet l’occasion de travailler dans un environnement auquel peu de gens ont accès et d’acquérir une expérience qui vous hantera toute votre vie. Tels sont les défis et les récompenses qu’offre la vie à bord d’un navire de la Garde côtière. L’aventure est loin d’être une partie de plaisir, quoique les navires de la Garde côtière canadienne soient assez bien équipés de la plupart des commodités et nécessités de la vie moderne. Ainsi, on  trouve à bord du Louis S. St-Laurent la télévision par satellite, l’internet, des jeux vidéo, une bibliothèque/vidéothèque de livres et de DVD et des aires de repos confortables.

La vie à bord ne s’arrête jamais, et à tout moment, il y a des gens qui travaillent, d’autre qui dorment, et d’autres encore qui sont entre deux activités, 24 heures sur 24, 7 jours par semaine. Cela nous permet de disposer d’un cadre pratique pour vivre et pour mener nos recherches scientifiques. Par contre, les différences entre la vie terrestre et la vie maritime peuvent parfois tourner certains gestes quotidiens en épreuves difficiles. Chaque tâche doit être accomplie avec une petite dose supplémentaire de soin et de préparation. Marcher, grimper les escaliers, manger, se laver, dormir -- toutes ces activités fort simples doivent être exécutées  avec précaution. Les corridors (les capots d’échelle) sont tous dotés de rampes, et si vous vous  interrogez sur leur présence, il suffit d’une grosse vague ou d’une rencontre avec un gros bloc de glace pour en découvrir tout de suite l’utilité.

Chaque seuil de porte devant les salles et les chambres mesure 10 à 15 centimètres de haut.  Pour entrer ou sortir, il faut lever haut le pied ou sinon, on se retrouve par terre. Les escaliers  sont étroits et les marches sont élevées, et on apprend vite à les emprunter en gardan t une  main sur la rampe. Le moindre choc et c’est la chute assurée. Les repas sont particulièrement difficiles quand la mer est agitée ou quand il faut franchir une couche épaisse de glace. Les tables ont des bordures surélevées qui bloquent plus ou moins les déplacements inévitables des plats et les empêchent de se fracasser tout de suite sur le plancher. Je me demande parfois comment fait le personnel de cuisine. Essayez un peu de préparer un repas avec des poêles et des casseroles qui se promènent partout, sans parler des liquides bouillants et des  plaques brûlantes mobiles.

Les douches aussi sont toute une aventure, quand on est coincé dans une cabine minuscule à essayer de se tenir debout, avec une main sur le savon et l’autre prête à s’agripper à quelque chose de stable à la moindre embardée. J’en ai discuté avec plusieurs personnes et voici les conseils que m’ont donnés certains des vieux loups de mer. On peut garder son équilibre en s’adossant contre le mur de la cabine de douche, ou encore se tenir debout les jambes écartées et les genoux souples, prêt à transférer son poids d’une jambe à l’autre en fonction du tangage et du roulis. Avouez que ce sont là des choses auxquelles on ne pense guère quand on prend sa douche chez soi.

Dormir présente ses propres défis. Il faut s’habituer à coucher dans un lit qui bouge, et les mouvements du bateau ne peuvent pas toujours se comparer à de doux bercements propices  au sommeil. Quand on est en mer libre, le navire adopte une cadence à laquelle on peut s’habituer, mais quand il est en mode brise-glace, il n’y a pas de cadence. La navigation peut être calme et plate pendant un temps, suivie brusquement d’un grand choc, d’une glissade à bâbord, d’un roulis à tribord, d’un tangage rapide, avant de revenir au calme plat. Et ensuite ça recommence, dans le désordre. Impossible de prévoir le prochain mouvement. Et le tout se  déroule dans une clarté permanente. Au début, c’était plutôt excitant de voir le soleil à trois heures du matin, mais à la longue, l’absence continue d’obscurité totale peut sérieusement endommager votre horloge intérieur et perturber vos habitudes de sommeil. Après une longue journée de travail, on décompresse et on se détend, mais on attend inconsciemment un signe  extérieur quelconque qui nous indique qu’il est l’heure de se coucher. Moi, j’attendais toujours le  coucher du soleil. Souvent, je lisais dans ma cabine sans me rendre compte du temps qui passait. Il m’arrivait de regarder ma montre, en pensant qu’il n’était que dix heures du soir, pour  découvrir qu’il était deux heures et demie du matin, alors que le soleil brillait encore à travers mon hublot. Le corps humain est une merveilleuse machine. Avec le temps, il peut s’adapter à n’importe quelles nouvelles circonstances. Mais je ne peux m’empêcher de me poser de  nombreuses questions.

Combien de temps me faudra-t-il pour m’accoutumer de nouveau à la terre ferme? Est-ce que je continuerai à longer les corridors et à lever haut les pieds pour franchir des seuils élevés imaginaires? Est-ce que je m’habituerai à dormir dans un lit immobile? Vais-je avoir la nostalgie d’une vie où tout bouge tout le temps ? Au lieu d’avoir le mal de mer, vais-je souffrir du mal de terre?

- Walli

Walta Ann Rainey, Technologue en géoscience marine, Ressources naturelles Canada

 

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Au revoir

Pourquoi deux brise-glace? Pour que le premier brise la glace afin que le second, dans son sillage,  puisse acquérir efficacement des  données de qualité. Y aller en solo serait impossible ou ext rêmement difficile, voire carrément dangereux. Quand le Louis S. St- Laurent collecte des données sismiques, des appareils traînent dans l’eau derrière sa poupe. Pour ne pas endommager ces appareils, nous ne pouvons pas faire tourner beaucoup l’hélice ou l’arbre central (le Louis a trois hélices). Nous ne pourrions pas non plus reculer si nous nous prenions dans la glace, ce qui est plutôt embêtant pour un brise-glace.

Mais quand le brise-glace américain Healy brise la glace pour nous, il nous ouvre la voie et nous permet  d’obtenir des données d’excellente qualité. Pourtant, même avec son aide, nous avons parfois des pépins. Par exemple, il y a eu des fois où le Healy a dû tourner autour de nous pour nous libérer des glaces. Il nous arrive aussi d’inverser les rôles et de briser la glace pour le Healy afin qu’il puisse collecter des données bathymétriques de qualité. Or, briser la glace, ce n’est pas un long fleuve tranquille! Au lieu du roulis régulier du navire en eaux libres, c’est un fracas, une progression laborieuse et  saccadée qui vous secoue comme un prunier. Pour revenir à nos moutons, nous avions prévu que nos deux navires travailleraient ensemble à la collecte de données pendant une trentaine de jours.

Ça c’était le plan, mais le destin en a décidé autrement. En effet, en route vers notre destination au  nord, là où le travail en tandem serait le plus important, le Louis a eu un problème mécanique. Pendant que nous réparions, le Healy a pris les devants. Nous l’avons rattrapé quelques jours plus tard et avons réussi à abattre une partie du travail, quand tout à coup il a fallu procéder à une évacuation sanitaire, depuis le 82e parallèle jusqu’au 70e parallèle (Tuktoyaktuk) à travers les glaces les plus épaisses.

Même si cette EVASAN a dérangé le travail scientifique, elle nous a permis d’apprécier le spectacle impressionnant des deux brise-glace faisant équipe pour briser la glace, se relayant tour à tour ou progressant parfois côte à côte. Comme on le dit souvent, c’est dans l’adversité qu’on reconnaît ses vrais amis.

Après l’EVASAN, nous avons pu récupérer quelques jours de travail en tandem, mais le 4 septembre le  Healy nous a quittés pour se rendre à Barrow, en Alaska. Il avait un changement d’équipage prévu pour le 6 septembre et ne pouvait plus repousser davantage son départ. Il fallait se dire adieu. Nous l’avons regardé partir avec tristesse, maintenant seuls face à notre destin : toujours dans la glace, incapables de faire tourner beaucoup l’hélice et sans possibilité de reculer. Nos officiers de pont aiment tant la science!

- David

David Mosher, expert scientifique en chef Ressources naturelles Canada

 

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Fin

Hier, nous avons débranché notre équipement pour de bon. Nous sommes arrivés au bout de notre voyage et nous avons manqué de temps. Tout allait pourtant si bien …c’est vraiment dommage que nous ayons dû tout arrêter, mais je suppose qu’il valait mieux quitter avant que les choses se mettent à mal tourner. Nous avons parcouru plus de 10 000 km à travers les glaces et les vagues (sans parler du brouillard, des tonnes de brouillard…) pour atteindre 82º 34' de latitude nord. Nous avons réalisé tous nos objectifs dans la partie sud du bassin Canada sans toutefois  pouvoir faire de même pour certains de ceux que nous nous étions fixés pour la partie nord, mais personne n’a dit que nous aurions la tâche facile. Après le programme, notre capitaine avait une surprise pour nous. En l’occurrence, il semble que le Healy nous ait fait à chacun un cadeau : une médaille pour services rendus de la garde côtière américaine pour avoir passé plus de 21 jours consécutifs de recherche au-dessus du cercle polaire arctique. Nous avions travaillé en collaboration avec les États- Unis et, selon le  capitaine du Healy, notre travail se qualifiait en tant que service à la nation américaine, ce qui nous a valu ces médailles.

C’était une belle attention de la part des Américains. Malheureusement, nous n’avions pas le temps d’accoster le Healy pour échanger des cadeaux, mais nous avions aussi quelque chose à leur offrir : des cadeaux que nous leur avons fait parvenir par un autre moyen. À chacun des membres d’équipage et du personnel scientifique, nous avons offert un gros insigne représentant l’expédition. Et pour le navire, nous avions apporté un trophée en verre qui comportait un globe terrestre dont l’Arctique était le principal point de mire et sur lequel nous avions fait graver quelques mots d’appréciation pour leur travail et l’appui qu’ils nous avaient accordé.

Nous nous dirigeons maintenant à toute vapeur vers Paulatuk, où nous ferons débarquer nos collègues du Nord, car c’est la  ville où ils habitent. Nous nous rendrons ensuite à Kugluktuk pour un changement d’équipage et pour prendre le vol de  retour.

Évidemment, tout le monde est fort excité à l’idée de rentrer à la maison. Pour ma part, j’essaie de trouver le moyen, lors de notre voyage de l’an prochain, d’atteindre les régions que nous n’avons pas pu explorer cette fois-ci.

- David

David Mosher, expert scientifique en chef, Ressources naturelles Canada

 

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